Le praticien Shiatsu

Cyril Castaing pratique le shiatsu depuis 1999. Il est praticien shiatsu, inscrit au Syndicat professionnel de shiatsu (SPS), seul organisme habilité à donné le titre RNCP de spécialiste en Shiatsu.

Il est diplômé de l’école Iokai Shiatsu sous la direction de Sasaki Senseï et Christine Breton à Paris. Il  a aussi étudié avec Suzuki Senseï au Japon où il a vécu 4 ans. Tous deux ont été les plus proches disciples de Masunaga Senseï, le créateur du Iokaï shiatsu à Tokyo.
Après une formation initiale scientifique, il possède un diplôme d’ingénieur de l’école nationale supérieur des Télécommunications (ENSTbr) et un DEA de mathématiques, il s’est intéressé à la pensée orientale et à ses différentes pratiques. C’est par le bouddhisme Zen qu’il a découvert le shiatsu.
Après de nombreux voyages en Asie et des séjours pour étudier les pratiques manuelles traditionnelles,  il s’installe à Tokyo en 2004 pour pratiquer le shiatsu et continuer à approfondir ses connaissances ainsi que le Zazen. Il s’initie aussi, lors de ce séjour, à l’Aïkido au Hombu Dojo de Tokyo mais aussi au Seitaï, qui l’influence fortement dans son activité de praticien shiatsu. Lorsqu’il revient sur Paris, il pratique ses séances au dojo du Iokaï Shiatsu Paris jusqu’en 2010. Il s’installe ensuite dans le Vercors, où il intervient chaque semaine durant des séjours pour des séances de shiatsu et des méditations, puis dans le village de Saoû dans la Drôme.

Il organise aussi plusieurs stages avec des ateliers de shiatsu et de méditation dans le cadre de l’association Shi-Zen et écrit autour de ces sujets.

 

Interview « praticien Shiatsu » par Shiatsu France

Pour plus de détails sur son parcours de praticien shiatsu, vous pouvez lire l’interview entière accordée à Shiatsu-france en 2020.

En voici quelques extraits:

ADN : Que pouvez-vous nous dire sur votre formation au Iokai, celui en Europe, celui au Japon ?

CC : L’école Iokai en France est dirigée par Sasaki senseï qui était un éléve de Masunaga. Comme beaucoup d’enseignants japonais, il a une énergie très forte et une personnalité unique. Il donne au Iokai Europe son dynamisme et son originalité. Sasaki Senseï est un vrai chercheur qui ne se contente pas de répéter ce qu’il a appris, il est ouvert à tout ce qui  le nourrit dans sa recherche.

Au Japon, je suis allé au centre Iokaï à Tokyo, mais je n’y ai pas suivi de cours. Je suis plutôt allé voir Suzuki senseï, que m’avait conseillé Sasaki. Il avait quitté l’école Iokaï et avait créé la sienne. C’est un personnage complètement différent et qui avait donc un enseignement complètement différent ! Même les méridiens n’étaient pas tous les mêmes…

ADN : Étudier avec des maîtres japonais comme Susuki Sensei ou Sasaki Sensei est une expérience riche j’imagine?

CC : Oui, car la culture différente de la notre nous oblige à changer nos paradigmes dans l’apprentissage et à laisser de côté nos habitudes. Les cours au Japon que j’ai suivi en tout petit groupe, composé essentiellement de praticiens de shiatsu, était une expérience intéressante du point de vue de la pratique en elle-même mais aussi de la culture.

ADN : Avez-vous déjà travaillé avec des professeurs occidentaux, français ? Que pensez-vous alors des Maîtres Japonais à propos de leur posture, leur discours par exemple ?

CC : Si vous voulez parler de la différence entre les enseignants japonais ou français, bien sûr, il y a une distinction culturelle, même si chaque personne est aussi unique.

Je n’aime pas trop les généralités, mais pour autant, il y a une vraie différence d’approche dans l’apprentissage.

Au Japon, quel que soit le domaine, le professeur est un « senseï », étymologiquement « celui qui est né avant », et donc que l’on écoute, car il « sait ». Il a un statut beaucoup plus respecté qu’en France. L’envers de cette tradition, c’est l’absence quasi-totale d’esprit critique, de remise en cause de ce qui est dit et parfois aussi un peu d’hypocrisie dans les relations.

La relation maitre-disciple reste très ancrée pour les japonais. Cela peut être merveilleux, avec un vrai maitre, lorsqu’il s’agit de transmettre l’indicible, mais cela peut aussi être catastrophique lorsque l’égo s’en mêle, en installant un rapport hiérarchique et de pouvoir, pas beaucoup plus élaboré que le modèle du « male dominant » que l’on retrouve dans beaucoup de groupes, humain ou animal…

ADN : Vous pratiquez par ailleurs le Zen ? Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ? Et d’ailleurs qu’est-ce que Zazen pour vous ?

CC :   Pour faire court, historiquement, le Chan est une branche du bouddhisme influencée par le taoïsme en Chine. Par la suite, il est arrivé au Japon et a pris le nom de Zen. Zen et Chan sont des termes dérivant du sanscrit Dhyana, qui signifie méditation ou contemplation. Il y a différents courants dans le zen, mais globalement, il s’agit de mettre l’accent sur la pratique, essentiellement de la méditation, plutôt que l’étude théorique.

Le Zazen, la méditation assise zen (za signifiant assise), est basée sur la posture juste, c’est une expérience pratique qui favorise la conscience du corps. De ce fait, elle est très intéressante pour nous, qui avons tendance à faire plutôt marcher nos pensées…

Dans le zen soto, il est dit qu’il faut « juste s’asseoir », « shikantaza », c’est la base et l’essence du zazen.

Aujourd’hui, personnellement, je ne pratique plus le zazen de façon formelle et quotidienne, bien qu’il m’arrive régulièrement de m’asseoir dans la posture. Plutôt que « juste s’asseoir », j’essaye de « juste être », indépendamment de la position du corps, assise, couchée, en marchant ou autres…

ADN : Et quel lien voyez-vous entre le Zen et le Shiatsu ?

CC : On dit que le bouddha était le grand médecin car il soignait la souffrance à la racine. D’après le bouddhisme, mais aussi la plupart des spiritualités avec leurs propres mots, c’est par la reconnaissance de notre vraie Nature que l’être humain peut se libérer de la souffrance.

Santé et spiritualité ont donc toujours eu un lien, mais spécialement en orient où le corps n’est pas délaissé et fait partie intégrante de la pratique quotidienne. De ce fait, les moines- médecins étaient nombreux en Chine, au Tibet ou au Japon.

Toutefois, il y a une énorme différence et souvent de la confusion entre les pratiques de santé énergétiques, martiales et spirituelles. L’objectif n’est pas le même. Il faut différencier la souffrance de la douleur mais aussi la santé et l’éveil à sa vraie nature.

La vraie paix n’est pas conditionnée par une bonne ou mauvaise santé, ni par l’acquisition de telle ou telle capacité, physique ou mentale…

S’il est évident qu’en revenant à une plus grande profondeur d’être, de nombreux fonctionnements physico-psychiques s’harmoniseront naturellement, il est faux de penser qu’un sage ne tombera pas malade ou qu’il a des pouvoirs spécifiques.

A l’inverse, ce n’est pas parce que l’on a la « maitrise » de son corps, que l’on possède une grande énergie ou même des pouvoirs spécifiques, que l’on est éveillé à sa vraie nature et encore moins que l’on est un sage réalisé. Ce n’est pas parce que l’on prend conscience des énergies subtiles que l’on est plus près de la vérité. C’est même parfois pire…

De nombreux pratiquants de disciplines énergétiques, ou encore plus martiales, se sont au contraire encore plus identifiés à leur corps, leur pratiques, leurs savoir-faire, leurs pouvoirs etc..

Plutôt que de les libérer, ces pratiques n’ont fait que les emprisonner dans des croyances encore plus tenaces car elles ont renforcé leur égo.

Et malheureusement, cela touche aussi de nombreux professeurs de ces pratiques, avec en plus, souvent, la prétention de « savoir », d’être dans le vrai et la volonté de maintenir une image d’eux conforme à ce que doit être un vrai maitre… Une catastrophe intérieure, pour eux, et souvent aussi pour leurs élèves qui restent hypnotisés. Tout ceci traduit seulement une forme d’enfantillage et un manque de maturité intérieure.

Vous pouvez lire toute l’interview du praticien shiatsu accordée à Shiatsu-france en 2020 ici.